Jacques Bernardin est maître-formateur à l’ IUFM. Il est titulaire d’une thèse de doctorat en sciences de l’éducation, collabore à l’équipe de recherche E.S.C.O.L (Université de Paris VIII), dirige des formations d’enseignants et d’animateurs. Il exerce des responsabilités au Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN).
Il nous a fait part de son analyse de l’accompagnement éducatif en développant la problématique suivante :
"En matière d’aide, la bonne volonté n’y suffit pas. Les observations réalisées dans les classes comme les recherches sur le sujet montrent que les modalités dominantes sont loin d’atteindre les effets qu’elles visent. Hors du gain notable de relations "pacifiées" à la scolarité, les pratiques usuelles maintiennent en l’état le rapport des élèves aux études, quant elles ne le dégradent pas !
– Quels sont les "noyaux-durs" des rapports constatés des élèves à la scolarité, au savoir et à l’apprendre ?
– En quoi les dispositifs d’aide confortent-ils (à l’insu des enseignants) certains malentendus en matière d’apprentissage ?
– Quelles lignes de rupture pourrait-on envisager pour y échapper, et les aider vraiment ?..."
Claudie Maugé , membre du secteur collège du Snes nous a donné l’analyse du Snes :
L’accompagnement éducatif : un jeu de dupes ?
Présenté à l’origine comme une mesure sociale par le gouvernement, (il s’agissait de prendre en charge les « orphelins de 16h »), l’accompagnement éducatif tend aujourd’hui à réserver une partie des enseignements et notamment tout ce qui est pratique : la pratique des arts, ou des langues vivantes à un traitement périscolaire, qui aboutit aussi à l’externalisation de certaines disciplines. On voit bien là le gain en termes de réduction des horaires/élèves et, au bout du compte de postes supprimés !
Quelles sont les positions et les propositions du SNES sur un réel service public d’accompagnement à la scolarité ?
Jacques Bernardin a posé le contexte dans lequel s’inscrit l’accompagnement éducatif imposé par le ministère : le glissement vers une école de plus en plus inégalitaire s’adaptant aux besoins de l’économie. Claudie Maugé a distingué aide aux élèves, accompagnement à la scolarité et accompagnement éducatif. L’aide aux élèves doit se faire dans la classe. Pour l’aide aux devoirs, il convient de réfléchir à un service public et laïc d’accompagnement à la scolarité avec inscription dans le service des enseignants et formation. L’accompagnement éducatif est dangereux car il peut s’accompagner d’un glissement d’enseignements obligatoires (EPS, enseignements artistiques, LV...) vers un dispositif qui pourrait être réservé aux éléves les plus "doués", les autres n’ayant droit, au mieux, qu’à l’aide aux devoirs. Première étape vers l’externalisation de ces enseignements pour diminuer le budget de l’état et laisser au privé un marché évalué à 2 ou 3 milliards d’euros pour l’Europe selon J. Bernardin ? La conclusion du stage : il est urgentissime de prendre une position claire lors du congrès académique puis national.
Thérèse Jamet-Madec