Le ministre a donc annoncé le probable retour du concours d’admissibilité en L3 et l’admission entre M1 et M2. C’est positif, si on considère que cela peut permettre aux étudiants de milieux défavorisés qui n’ont pas la possibilité de mener des études supérieures très longues de se destiner aux carrières de l’enseignement. Mais cela suppose que les étudiants admissibles soient pris en charge et rémunérés par l’Etat durant leur formation didactique et leur année de stage.
Problème : il n’est sans doute pas dans l’intention du gouvernement de financer deux années de formation, au mieux va-t-il augmenter le nombre de bourses. On peut supposer que le rêve de Blanquer c’est de satisfaire le projet de suppressions des postes ’’promises’’ par Macron.
L’aubaine pour le ministre : placer l’intégralité de la formation entre admissibilité et admission (soit M1 et M2), deux années donc non rémunérées. A l’issue de l’admission les heureux élus seraient dès lors affectés à temps plein, on ’’gagne’’ ainsi 25 000 postes. Blanquer referait le coup de Darcos tout en arguant qu’il ne supprime pas la formation des enseignants.
Plus grave encore : JM Blanquer a un autre rêve, aligner la gestion des enseignants du public sur celle du privé. Ainsi dans l’enseignement privé le lauréat du concours doit valider son admission en obtenant un stage avec agrément d’un chef d’établissement. Celui qui n’obtient pas cet agrément perd le bénéfice du concours. Dans la nouvelle mouture, on peut comprendre que les élèves enseignants constitueront un vivier dans lequel on (c’est à dire les chefs d’établissement ? En vertu de leur autonomie de gestion et de recrutement...) puisera un nombre limité de titulaires après les épreuves d’admission ; et les autres, formés mais non titularisés, seront employés comme contractuels ou vacataires. Ainsi le gouvernement réalise son projet de diminuer progressivement la part des fonctionnaires dans l’emploi public.