A l’occasion de rencontres (houleuses) avec la FCPE ce week end et d’un entretien sur France Culture (5 juin), le nouveau ministre de l’Education nationale a avancé (prudemment) les chantiers annoncés par E. Macron durant sa campagne.
Sans vouloir remettre totalement en cause la semaine de 4.5 jours en primaire, il annonce des expériences de retour à 4 jours – là où la communauté éducative, la commune le souhaitent, où il y a l’insatisfaction des parents, où les enfants sont fatigués. Par contre, il est plus déterminé sur l’idée d’une année scolaire de 38 ou 40 semaines (au lieu de 36 actuellement).
On a davantage entendu parler de son intention de rectifier certains aspects de la réforme du collège : assouplissement de l’application des EPI, rétablissement des classes bilangues, des classes européennes, du latin et du grec. Pour lors, il est peut probable que cela transforme les conditions de la prochaine rentrée, mais cela annonce à terme un cadre national plus encore malmené, un renforcement de l’autonomie des établissements et de la concurrence entre eux.
La transformation du baccalauréat qui serait réduit à 4 épreuves (lesquelles ? choisies comment ?), le reste de la notation assuré par contrôle continu dans des évaluations locales. Là encore cela signifie l’autonomie, la délocalisation des choix pédagogiques, la concurrence entre les lycées, entre les équipes disciplinaires. Et le renforcement des inégalités entre les lycéens…
Surtout le bac ne donnerait plus un accès direct à l’université : chaque établissement du supérieur pourrait inscrire les étudiants en fonction des résultats dans les 4 épreuves de l’examen (favoriser certaines en fonction de la licence préparée). Pour le ministre l’utilité du bac n’est pas d’être une évaluation finale de l’élève, mais un tremplin pour la suite de son parcours. Réforme explosive en perspective ? Prudemment, JM Blanquer annonce son intention de « remuscler le baccalauréat pour lui donner plus de sens et le rendre plus utile » dans le cadre de discussions et concertations et d’ouverture intellectuelle (dixit… on peut toujours espérer !)
Autre projet dans les cartons, dans la logique de ce qui précède : la responsabilisation des établissements. Tout devient affaire de choix locaux (rythme scolaire en primaire, application de la réforme en collège, caractère en partie local du bac et jusqu’au recrutement des enseignants). Dans cet esprit, les EPLE subiront un audit rendu public tous les 3 ans : résultats, projets pédagogiques, état des locaux etc. Ainsi les dysfonctionnements du système sont renvoyés à la responsabilité locale. De même que dans cette philosophie, l’individualisation renvoie les élèves à leur propre responsabilité.
13 juin 2017