La procédure parcoursup’ suscite des doutes et mécontentements que les 2 ministères concernés refusent de voir, car pour eux tout est parfait, quitte à user d’arguments fallacieux. Ainsi Frédérique Vidal annonçait le 4 juin que 73,5% des candidats avaient reçu une proposition, alors que l’an dernier à la même date personne n’était affecté... Et pour cause : la première phase d’APB a eu lieu le... 8 juin !
Autre affirmation à l’emporte pièce : « Quatre-vingt pour cent des candidats ont reçu en moyenne trois propositions, alors que l’an dernier à la même époque, 80 % des candidats avaient reçu une proposition seulement. ». Elle oublie de dire que l’an dernier la proposition correspondait au vœu préférentiel ou ’’le meilleur possible’’, les vœux étant hiérarchisés, alors que cette année les 3 propositions ne correspondent pas forcément aux formations favorites. Les élèves ne sont donc pas tous réellement satisfaits. Cela tient au fait que les vœux ne sont pas hiérarchisés, alors que pourtant ils ont bien en tête des solutions préférées.
Ainsi le 17 juin, à la veille des épreuves du bac, 78% des élèves avaient reçu une proposition. Ce même 17 juin, 42% ont déjà accepté 1 vœu sans rien conserver d’autres, ce qui laisse entendre que la moitié des candidats ayant reçu une proposition sont réellement satisfaits, et donc l’autre moitié (c’est beaucoup !) est en attente d’autres propositions et a gardé des vœux en attente. Cela contribue à ralentir le processus puisque les désistements des uns permettent de libérer des places pour les autres. Par ailleurs, 175 000 (22%) sont encore sans affectation à la veille du bac – ils étaient 156 000 (19%) donc moins nombreux l’an dernier au même moment.
Il faut d’autre part tenir compte du stress engendré, inutilement plus marqué que les années précédentes, le sentiment d’incertitude qui pèse sur les candidats au moment du bac. Certes les places vont se libérer peu à peu, mais on n’aura pas tenu compte du choc préalable et de l’émotion engendrée par les mises en attente. Tenir compte aussi de la suspicion sur les procédures de sélection, les critères d’admission, l’opacité des algorithmes mis en place par les établissements du supérieur.
Certes l’ancien système était très imparfait, il était nécessaire qu’une réflexion approfondie soit menée sur l’orientation des lycéens, l’épreuve du baccalauréat, les procédures d’affectation et surtout sur les moyens à allouer à l’enseignement supérieur. Mais Parcoursup’ est tout aussi imparfait, et on ne peut donc pas claironner déjà, et souvent avec arrogance (cf émission France-inter ’’Le Téléphone sonne’’ du 22 juin) que Parcoursup’ est plus efficace qu’APB, qu’avant c’était le chaos, que désormais le monde parfait est éclos. Les deux ministres et leur entourage ne veulent pas reconnaître les failles et insuffisances du système ni les interrogations des élèves et leurs familles. Décidément ce gouvernement manque d’humilité et d’esprit de concertation, l’autoritarisme est sa règle.