Le gouvernement n’a pas saisi l’occasion du rendez-vous salarial du jeudi 18 juin 2018 pour revaloriser les salaires des agent-es de la Fonction publique.
Il n’honore pas la promesse de campagne faite par Emmanuel Macron « d’améliorer le pouvoir d’achat de tous les salariés », puisqu’il laisse de côté plus de cinq millions d’agent-es de la Fonction publique !
Il maintient à nouveau le gel du point d’indice et n’annonce que quelques mesures à la marge :
- Pas de nouveau report du calendrier PPCR.
- Revalorisation des taux de certaines indemnités
Des précisions ont été données sur :
les nuitées qui passent de 60 € actuellement à 70 € en province et 90 € à Paris, 120 € pour les personnels handicapés,
l’indemnité kilométrique qui sera valorisée mais sans indication de montant,
l’ aide à l’installation aux agents affectés dans des zones en tension et dans les QPV (quartiers prioritaires) qui sera revalorisée (là aussi sans qu’on connaisse le montant ni la prise d’effet, mais certainement pas dès la prochaine rentrée)
la reconduction de la GIPA (Garantie Individuelle du Pouvoir d’Achat)
quelques retouches sur la compensation CSG (la FSU a soulevé le fait que les agents en congé de formation ne l’avaient pas eue, ils se sont dits prêts à « regarder »)
- Rien sur la revalorisation concernant les infirmières scolaires : il faudra attendre les discussions dans la fonction publique hospitalière
Une nouvelle réunion aura lieu en octobre sur les salaires mais même si la revendication concernant la revalorisation du point d’indice est unanime chez l’ensemble des Organisations Syndicales, il ne pourra en être alors question.
A l’issue de ces annonces, la FSU a fait part de sa déception et de son mécontentement. Ce rendez-vous était très attendu après les pertes subies ces dernières années, le gel du point d’indice en mai 2017, le report d’un an des mesures PPCR, le rétablissement de la journée de carence et une compensation insuffisante de la CSG.
A la veille de discussions sur l’avenir du système des retraites, la FSU a alerté sur les répercutions de cette situation sur le niveau des pensions futures.
Les décisions prises vont encore pénaliser les agent-es et accentuer le décrochage de salaires avec le secteur privé au détriment des agent-es publics.
- Que penser par exemple des 1312 € constituant sa rémunération indiciaire nette mensuelle (ajoutée de la compensation de la hausse de la CSG s’y afférant) de début de carrière perçue par une assistante sociale qui, pourtant avec un diplôme de niveau 2, ne passera en catégorie A que le 1er février prochain ?
- Que penser également des 1238 € constituant la rémunération indiciaire nette mensuelle (ajoutée de la compensation de la hausse de la CSG s’y afférant) de début de carrière d’un adjoint administratif ou d’un adjoint technique alors que le SMIC est aujourd’hui à 1149€ net mensuel ?
- Que penser de la dévalorisation des salaires enseignants par rapport à ceux des autres pays de l’OCDE ? En 1980, un enseignant en début de carrière touchait 2 fois le Smic, c’est aujourd’hui 1,2 Smic alors que le niveau de qualification a augmenté.
Il est temps pour les agent.es public.ques qu’une politique salariale plus juste soit mise en œuvre et s’inscrive dans le temps pour donner de la visibilité aux personnels.
La FSU reste convaincue que cela participerait aussi d’une meilleure attractivité de la Fonction publique en termes de recrutements.
Pour une politique salariale qui soit juste pour les personnels, et à la hauteur de leur travail et de leur engagement, la FSU continue d’exiger :
⇒ Des mesures générales et immédiates qui passent par la revalorisation du point d’indice, l’indexation de sa valeur sur l’inflation, et sur l’attribution additionnelle de points d’indice sur l’ensemble de la grille indiciaire chaque fois que la revalorisation du SMIC le justifie.
Elle alerte sur les effets négatifs que le gel produit sur toutes les autres mesures indiciaires, prévues ou à venir, tant elles sont par lui affaiblies et même annulées dans leur portée.
⇒ Des mesures indiciaires sur le moyen et long terme, notamment de nouvelles étapes d’intégration de l’indemnitaire dans l’indiciaire.
⇒ Des discussions liées au protocole PPCR avaient permis un début de réflexion que la FSU appelle aujourd’hui à prolonger pour améliorer les carrières, harmoniser encore davantage les grilles de rémunérations et reconnaître mieux les qualifications…
Le gouvernement évoque simplement le fait d’individualiser de plus en plus en allant jusqu’à parler de « salaire au mérite ». Cela ne va pas dans le sens d’une meilleure efficacité des services rendus aux usager-es ni d’améliorations des conditions d’emploi pour les agent-es.
Renforcer la part du mérite dans la rémunération relève d’une notion subjective et variable selon les temps, les lieux, les hiérarchies... Elle nie les relations professionnelles dans un même collectif de travail, elle dessert l’intérêt commun qui est au cœur des missions et n’est pas adaptée aux travail et missions des agent-es de la Fonction publique. Cela pourrait même nuire au travail collectif nécessaire qui devrait être l’axe majeur de réflexion y compris en terme de reconnaissance de l’engagement des agents au service de l’intérêt général.